Chapitre 2

Publié le par Löwely

La pièce était plutôt petite, vu qu’il allait devoir la partager avec quelqu’un d’autre. Les murs blancs, le sol blanc et tout le mobilier blanc le rendaient mal-à-l’aise tandis que ses chaussures noires foulaient le tapis blanc au pied du lit blanc, resté vide.

À cet instant, un jeune homme aux couleurs de l’automne débarqua.

- Salut, toi ! Alors tu es mon nouveau colocataire ? J’espère que tu ne vas pas garder ce look ridicule ici !

Bill se sentit gêné par la franchise du rouquin et par son état d’abrutissement. Pourquoi est-ce qu’ils devaient tous se moquer de ses habits ?

- Je m’appelle Bill.

- Je sais ! Tout le monde est au courant pour ton arrivée.

Il le dévisagea avec drôle d’air. Bon accueil ? Sûrement pas, mais l’allemand s’y était résigné depuis un bon moment.

- En revanche, ils ne sont pas au courant pour ta tenue vestimentaire… J’espère que tu as autres chose à mettre ? Oh ! Il est déjà 20h30 ! C’est l’heure du repas, tu viens ?

Bill secoua la tête, rejetant l’invitation, et se retrouva de nouveau seul dans la chambre. Son premier réflexe fut de sortir son téléphone. Aucun message. L’angoisse le gagna.

Tom, Wie geht’s ? Ich habe so Angst, dass ich gerade nichts essen kann. Ich bin sorry, wirklich. Antworte mich etwas, bitte. Dein Bill.

Les mots s’envolèrent dans les airs pour rejoindre quelqu’un, quelque part. Bill ne savait même pas où…

- Warum bin ich hier gekommen ?! In eine Schule für reiche Leute selbst ! ragea-t-il.

Il s’affala sur son lit et s’endormit tout habillé.


- Hey ! Debout !

Bill émergea lentement, la bouche pâteuse.

- Viens vite que je te présente aux autres ! s’exclama une tête rousse qu’il ne reconnut pas.

- Wer bisch du ?

- Pardon ? Il va falloir que tu parles français, mon vieux. Je ne comprends pas le barbare ! Allez, viens !

Abruti de sommeil, l’allemand se laissa entraîner dans le couloir sans opposer de résistance, il buta sur le pas d’une porte et s’affala en jurant dans son allemand natal.

- Chut ! Ne fais pas de bruit ! Si on nous chope, on est mort !

Le choc le réveilla un peu, il se redressa et retrouva l’usage du français du même coup.

- Comment tu t’appelles ?

- Sam…

Sa voix tremblait un peu, lui sembla-t-il. Il observa plus précisément le visage de son compagnon, ce dernier paraissait tourmenté derrière son air niais, son visage tout en rondeurs et ses taches de rousseur… Il n’avait probablement pas envie d’aller là où il allait… Mais où ?

- Sam, c’est… 3 heures du matin ! On ne devrait pas dormir ?

- Ne t’en fais pas pour ça. Le seul problème, c’est que les domestiques nous surveillent en permanence et nous ne pouvons plus faire un geste librement de jour…

Bill hésitait, l’argument ne tenait pas. Il tenta de faire un pas en direction de son lit, mais le rouquin le rattrapa et lui fit signe de le suivre. Bill obtempéra, intrigué.

Ils traversaient maintenant un salon à l’ambiance montagnarde et douillette, mais à la lueur de la torche de Sam, les meubles ressemblaient à des bêtes à l’affut et le tapis de tigre attendait son tour de l’attaquer…

- Je veux retourner dans mon lit, gémit l’allemand, effrayé.

Sam lui prit le bras, enserrant son poignet en tremblant.

- V… Viens !

Il le poussa par une porte et Bill s’étala pour la seconde fois depuis son réveil. Il percuta deux chaussures Nike, pointure 44, et jura à nouveau, dans sa langue rocailleuse.

- Alors, fillette ! On veut jouer au plus malin ? Je m’en vais te mater, moi !

Effaré, Bill contemplait un géant aux allures nordiques. Sa première pensée se tourna vers les deux gigantesques trous de nez qu’il pouvait observer à loisir. Sa deuxième pensée concerna son frère, qui aurait su quoi faire, lui… Sa troisième et dernière pensée fut dédiée à son lit et à l’abruti de Sam qui l’avait amené ici. Le choc qu’il reçut l’envoya dans un monde noir et vide où ses pensées se perdirent et disparurent.

LE ROMAN
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