Chapitre 6

Publié le par Löwely

Le cours avait lieu sur un petit terrain de sport, en plein air. Tous les élèves s’échauffaient consciencieusement, sous le regard attentif de la prof de gym, Mme de Delerive. Kirke se tenait à l’écart, au grand soulagement de Bill. Il se demandait néanmoins qu’est-ce que son « engagement » au service du suédois allait lui ordonner de faire coûter. Il effectua tous les exercices, haletant, déjà épuisé par l’effort. Ses muscles le faisaient souffrir atrocement.

Il ne supportait pas l’exercice physique et préférait de loin des sports plus calmes, voire carrément des séances de massage. Son esprit retourna à son frère resté en Allemagne.


Tom ne pouvait pas lui en vouloir à vie, non plus... Il ne souhaitait pas que tout redevienne exactement comme avant, mais quand même.

Il s’affala sur le sol, épuisé par la série de pompes qu’il venait d’exécuter. Sa vue s’obscurcit et il se retrouva brusquement dans la pièce qu’il avait quitté pour la dernière fois cinq jours plus tôt. Tom était étalé sur le lit, torse nu. Il lisait un catalogue de vêtements en écoutant la radio. Le soleil se levait et inondait la chambre, auréolant la scène d’un aspect irréel.

- Bonjour Tom, souffla Bill. Je voulais te présenter ma nouvelle cop...

La jeune femme entra dans la pièce, derrière lui. Il vit alors un regard de haine brûler dans les yeux de son frère jumeau.

- Salaud !

- Tom ! s’écria Bill, stupéfait.


Bam! Une gifle retentissante le propulsa vers la réalité. Kirke se tenait au-dessus de lui, narquois.

- Alors, qui c’est Tom ? Ton copain ? roucoula-t-il.

L’androgyne ne put réprimer un hoquet de stupeur.

- Ich… Je… Non, je…

Mme Delerive remplaça le suédois dans son champ de vision. Elle l’obligea à se redresser et à boire de l’eau.

- Vous devriez vous ménager, jeune homme. Vous avez l’air déboussolé. … Bien, allez-vous asseoir sur le côté, je vous accorde dix minutes de récupération.


Reconnaissant, Bill alla s’écrouler sur un banc ombragé et soupira, tentant de chasser ses sombres pensées. Tom. Il se massa vigoureusement les avant-bras, marqués par des bleus.


L’allemand assista à deux parties de basketball, obligé de supporter les pathétiques imitations de Kirke et sa bande qui faisaient semblant de s’évanouir en gémissant des « Oh tom chéri ! » particulièrement agaçants.

Sa pause prit fin et la prof l’appela sur le terrain pour qu’il joue… contre l’équipe à Kirke. Il frissonna et se rassura en pensant aux affirmations de Thomas. Son esprit revint à leur rencontre un peu plus tôt dans la journée. Il voulait l’avertir, mais contre quoi ?

- Concentre-toi, idiot ! marmonna-t-il, furieux.


Le jeu commença normalement. Bill n’était pas fort ni rapide, mais il se révéla agile et toujours prompt à marquer, malgré ses blessures. Ses coéquipiers l’intégrèrent rapidement et le poussèrent en attaque. Il marqua trois paniers de suite, quand un premier incident survint.

Alors qu’il retournait en arrière, il reçut la balle dans les jambes et s’encoubla dedans. Il rétablit son équilibre et se retourna vers les lanceurs potentiels : il n’y avait que trois garçons de son équipe. Bill flaira aussitôt le danger et se mit sur ses gardes.

Une minute plus tard, un deuxième envoi malheureux le toucha à l’épaule et il poussa un petit cri. Mme Delerive le traita de gamin, lui ordonna de se reprendre et relança la partie.

Le troisième tir « hasardeux » le frappa à la tête, très violemment. Il s’écroula sur son voisin, Kirke qui lui enfonça son coude dans l’estomac et entreprit de le tabasser jusqu’à ce que la prof s’approche d’eux et les sépare. Bill s’effondra dans ses bras, à moitié assommé.

- Hé ! Mais vous n’êtes pas endurant, vous ! le charria-t-elle.

Elle le souleva à la moitié et le traîna vers l’infirmerie. Il s’évanouit en cours de route, pour la troisième fois de la journée.

Décidément !

LE ROMAN
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