Chapitre 5
Le message s’affichait en petites lettres indifférentes sur l’écran, mais il portait avec lui tellement d’espoir que Bill sourit pour lui-même, ravi. Tom ne lui en voulait pas, pensa-t-il. Il se maudit intérieurement d’être parti si vite et songea aussitôt à plier bagage, mais il se ravisa bientôt.
- Das wurde nur eine Frau tun! grommela-t-il.
Il devrait attendre encore deux jours, deux longs jours avant de le revoir, enfin.
Hélas, son sourire disparut dès qu’il aperçut l’emploi du temps de Sam, impeccablement placardé sur le mur au-dessus du bureau. Gym. Les trois lettres imprimées au lundi après-midi le condamnaient à mort…
Il se décida alors à tomber malade. Il n’aurait aucun problème vu ses talents de comédien et ses blessures. D’un pas vif, il s’avança vers la porte des toilettes et s’apprêta à se souligner son œil au beurre noir pour le rendre le plus effrayant possible quand Thomas débarqua joyeusement dans la chambre.
- Est-ce que je pourrais être tranquille cinq minutes ? pesta l’allemand en sortant des toilettes en boitillant.
Thomas avait l’air inquiet.
- Bonjour. Vous allez bien ? Je voulais vous avertir…
- Arrête de me vouvoyer ! trancha Bill, agacé.
Thomas s'arrêta, surpris.
- Quelque chose ne va pas ?
- Oui. Non. Une dispute avec mon frère... Et le cours de gym...
- Ah ! La gym ! Ne t'inquiète pas, la prof est sévère, mais sympa. Kirke ne pourra rien te faire.
L'androgyne hocha la tête, à moitié rassuré, il s’apprêtait à retourner aux toilettes finir son relooking quand Thomas désigna la fenêtre :
- Regarde ! En plus il fait beau !
- Quel rapport ? De quoi tu voulais me prévenir ?
Thomas, se tut, pensif…
- Je… De quoi est-ce qu’on parlait ?
- Rien. Oublie. Au revoir ! le congédia sèchement Bill.
Thomas avait visiblement la mémoire courte… L’allemand se retrouva seul dans la pièce, désemparé.
- C’est vraiment pas ma journée !
D’abord Sam l’avait attiré dans un guet-apens, ensuite Kirke l’avait roué de coups, Tom le laissait languir sur place tandis que Thomas avait oublié ce qu’il voulait lui dire. Il respira un grand coup.
Il se laissa aller quelques instants à ses pensées. Il revit Tom se lavant sensuellement sous la douche, puis il se remémora son reflet dans le miroir à cet instant. Et la peur… La peur qui l’avait envahi à cet instant et qui ne l’avait plus quittée.
Après une longue hésitation, il s’approcha de sa valise, restée fermée depuis son arrivée et l’ouvrit. Sur le sommet trônait une photo de lui et Tom ensemble, heureux. Il l’écarta et retourna le contenu du bagage pour retrouver ses affaires de sport.
Il opta finalement pour un short noir et un large tee-shirt de la même couleur. Il espérait franchement se faire oublier le plus rapidement possible et se rendit au terrain de sport la tête basse.
LE ROMAN